25/06/2019
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Visionnaire, empathique, courageux, inclusif, connecté à ses émotions, à l’écoute des autres, conscient de ses responsabilités sociétales… Ce sont là quelques-unes des nombreuses qualités citées dans pléthore d’ouvrages et articles pour décrire les compétences attendues des dirigeants de ce monde, pour faire face aux multiples enjeux de ce siècle et ceux à venir.
Si des domaines tels que la science, la médecine, l’armement, la communication, la mobilité font l’objet d’avancées spectaculaires pour répondre à ces défis planétaires, le leadership semble encore faire figure de parent pauvre de l’innovation. Lente évolution des pratiques managériales, faible amplitude des actions par rapport à la gravité et l’urgence de la situation : le leadership se heurterait-il à un plafond de verre ? En effet, malgré l’abondance d’informations sur l’état du monde, nombreux sont les leaders bloqués au stade de l’inertie voire de paralysie de l’action.
Selon la psychologie développementale, la conscience d’un individu à l’âge adulte passe par plusieurs stades de développement. Chaque stade correspond à un niveau de maturité de la conscience, qui façonne alors le schéma de pensée, de décision et d’action de la personne. Un leader en dépit de son intelligence, de ses connaissances, de son statut social et hiérarchique peut se trouver confronté à un plafonnement de son degré de maturité. Situation qui le maintient alors dans une vision fragmentée de la réalité, et dans l’incapacité de penser et agir de façon inter-reliée. Dépasser cette limite et savoir appréhender l’impact de ses décisions et actions de façon systémique ne nécessite pas d’avoir un QI plus élevé ou d’acquérir un volume hors normes de compétences techniques.
Pour briser ce plafond de verre, les leaders doivent montrer leur détermination à sortir définitivement d’un mode d’opposition (l’humain ou la nature, moi ou l’autre, le court terme ou le long terme, le profit ou la mission sociale…) pour adopter un tout autre regard du monde, de son fonctionnement dans lequel l’interdépendance devient la valeur primordiale de la société. Ignorer encore plus longtemps ce principe d’appartenance collective à un seul tout va inexorablement conduire l’entreprise, la société, et l’humanité tout entière à la faillite.
En faisant délibérément le choix à chaque décision de remplir ce devoir d’élévation de leur niveau de conscience, les dirigeants apprendront à s’éloigner d’un schéma mental limitant et inadapté aux enjeux sociétaux afin de le faire évoluer vers un modèle de "conscience amplifiée et élargie" selon les mots mêmes d’Edgar Morin.
Le succès de toutes les transitions et transformations présentées comme cruciales pour l’avenir reposent toutes sur une condition : la qualité du moteur humain.